A l’occasion du 10ème anniversaire de la disparition du sculpteur Marc Dautry (1930-2008), la Maison Poussou à Bruniquel organise une exposition, intitulée « La passion du dessin » du 7 juillet au 2 septembre 2018. Cette exposition commémore le souvenir de ce grand artiste, dont l’œuvre prolifique constitue l’un des fleurons de la vie culturelle montalbanaise et pas seulement.
Marc Dautry
Une exposition remarquable et riche de par la qualité et la facture exceptionnelle des œuvres présentées. Le commissariat de cette exposition s’est effectué sous le regard avisé et bienveillant de la veuve de l’artiste, Mme Suzanne Dautry, qui a rappelé avec son témoignage émouvant lors du vernissage, que Marc Dautry vivait pour créer et se consacrait exclusivement à ses recherches passionnées d’artiste.
Amor vincit mortem
Né à Nîmes en 1930, il s’installe à l’âge de 15 ans à Montauban où il vivra jusqu’à sa mort en 2008. Pour le bicentenaire de la Révolution, il a réalisé une statue de la Liberté en bronze pour la ville de Montauban.
Bronze « La liberté »
Il a réalisé également des lithographies pour de grandes œuvres de la littérature, telles que celles imprimées dans « Le Voyage au bout de la nuit» de Céline , en 1979 ou « Les Lettres persanes », de Montesquieu en 1986. Dans cette vie vouée corps et âme à sa vocation d’artiste, celui qui fut à la fois peintre, sculpteur et graveur a laissé une œuvre considérable. Dire que « l’amour vainc la mort » (Amor vincit mortem), serait pour Dautry l’amour de l’art et de la vie dans lequel il a investi l’intégralité de sa personne qui aura vaincu la mort par la postérité de sa pensée créatrice. Marc Dautry déploie dans le domaine de la gravure, une production pharaonique, à l’image d’un Gutemberg, à qui il a consacré une gravure. Un maître tel Albrecht Dürer inspirait également Marc Dautry. Il a su tirer les leçons de ce maître et on reconnaît la filiation par la profondeur, la finesse et la complexité des gravures. Avec la rigueur et l’exigence que l’artiste s’imposait, les gravures de Marc Dautry n’ont jamais cédé la place à la médiocrité.
Gravure « le gardien de l’ombre »
La force intérieure du graveur
L’exposition « La passion du dessin » permet d’appréhender le dialogue intime et instinctif instauré par l’artiste avec les différentes techniques qui deviennent pour lui « puissances formelles » captées par le geste de l’artiste. L’exposition montre ce lien primordial entre l’expression par le dessin et les formes en gestation.
Lithographie « Nu à la guitare »
La représentation des volumes, la fluidité du trait exécuté au burin sur plaque de cuivre ou directement avec des techniques sèches comme le pastel participent à une dynamique, d’une poussée pleine d’énergie vitale, que le geste du graveur ou la main du dessinateur doit capter et faire naître en retour sur le papier.
Gravure « Le faune »
Ce dialogue que nous ressentons intensément, conduit au fur et mesure que nous progressons dans l’exposition, à questionner le rapport dialectique de la gravure avec les techniques de l’artiste/l’artisan. L’authenticité et la vérité de la création plastique passe par ce rapport unique de correspondance des formes avec la gravure que Dautry n’aura cessé d’éprouver. Sa manière de traiter la forme par la gravure souligne la richesse plastique et la force intérieure d’une production attachée, dans sa modernité même, à préserver la nécessité vitale du lien de l’homme à la nature.
Son œuvre, par une exploration quasi mystique, cherche surtout à donner corps à la symbiose entre le flux des formes et le flux des sensations. Cette symbiose qui contient l’essence subtile de la connaissance de ce monde, que chacune de nos humanités traverse, se déploie dans cette voûte céleste, en apparence calme et toujours immobile, comme une comète se consumant de son feu propre.
©Grégory Pamadou